Coworking gratuité

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Tout le monde connait à présent l’adage qui dit « Quand c’est gratuit, c’est vous le produit ».

Alors que les modèles économiques mutent les uns après les autres pour que l’utilisateur ne soit pas l’unique payeur, les tiers lieux et plus encore les espaces de coworking doivent également se poser cette fameuse question du « Qui paye ? »

J’entends déjà les fanatiques de la gratuité et du « social et solidaire » lever les yeux au ciel en me reprochant d’aborder « le modèle économique » des tiers lieux alors que d’après eux ce qui compte c’est « le vivre ensemble ».

Sans remettre en cause les « externalités positives » sur le plan social de ces nouveaux espaces, la viabilité n’est possible qu’à partir du moment où il y a des sources de revenus que ce soit pour financer l’usage de l’infrastructure mais également pour rémunérer le temps nécessaire pour promouvoir, gérer voire animer l’espace.

Actuellement au cœur de nombreux dispositifs, les tiers lieux bénéficient de subventions.

Rappelons au passage que la subvention ne tombe pas du ciel et que c’est bien de l’argent qui provient d’une fiscalité et donc d’un modèle économique qui génère de la valeur ajoutée et donc de la taxation. Nous nous en rendrons bientôt compte en prenant conscience que la formulation d’Emmanuelle MACRON et le « quoi qu’il en coûte » de la gestion de la crise COVID, sera en fait un « quoi qu’il nous en coûte » 

De même, le bénévolat n’est possible qu’à partir du moment où ceux qui le proposent perçoivent par ailleurs une rémunération.

Au-delà de ces considérations de « bon sens paysan », concentrons-nous sur le modèle économique des tiers lieux d’activité pour télétravailleurs afin d’introduire l’approche innovante du réseau Relais d’Entreprises.

Historiquement (nous fêterons nos 10 ans l’année prochaine) militant pour la pratique du télétravail en tiers lieu d’activité proche de son domicile, j’ai vite compris que pour rendre financièrement accessible ces espaces de coworking alors que la pratique à domicile était pratiquement gratuite, il fallait actionner plusieurs leviers et ce afin de finir de convaincre les employeurs par ailleurs sensibilisés (et notamment depuis la COVID et le confinement) à la nécessité de dissocier vie privée et vie professionnelle.

Plusieurs approches sont d’ores et déjà en vigueur :

1/ Ce qui n’a pas coûté cher, est moins lourd à être supporté

  • En privilégiant la rénovation de bâtiments publics ou en mutualisant des espaces avec d’autres aménagements hybrides, l’impact du coût de l’immobilier est réduit ce qui rend les loyers plus digestes.

2/ Ne pas faire supporter un service non demandé

  • Comme pour le secteur de l’hôtellerie, la masse salariale doit s’adapter à la configuration et surtout aux services attendus. Pour un espace destiné à rapprocher l’emploi de l’habitat, faut-il absolument un « facilitateur » à temps plein ? C’est souvent sur cet aspect que de nombreux porteurs de projets se prennent les pieds dans le tapis.

3/ Valoriser les externalités positives

  • La « moindre » mobilité des télétravailleurs qui se rendent dans des bureaux situés à 2 pas de leur domicile, génère
    • Une réduction de la consommation d’énergie que Relais d’Entreprises transforme en argent via une convention signée avec EDF qui délivre des CEE aux employeurs. CEE abondé par la Région Occitanie
    • Une réduction des émissions de CO2 que Relais d’Entreprises a également transformé en argent via l’obtention du Label Bas Carbone (Parution au JO de juillet 2021) et une convention avec Climat Local qui commerciale les tonnes CO2

= Deux valorisations qui prennent en charge partiellement (de l’ordre de 10 à 20 %) les loyers facturés par les tiers lieux d’activité aux entreprises qui par ailleurs peuvent réduire leur surface de bureaux dans les Métropoles (souvent le second poste de dépense).

4 / Faire évoluer la fiscalité des entreprises au profit des territoires

  • Via la CVAE qui pourrait être redistribuée à la collectivité où se trouve le tiers lieu d’activité et ce au prorata du nombre de jours en télétravail effectué par les salariés habituellement affectés à des bureaux situés sur un autre territoire

= Une approche soumise à Joël GIRAUD et qui va entrer en phase d’expérimentation d’ici la fin 2021

En conclusion, sans atteindre la gratuité les pistes pour rendre accessibles les espaces de coworking sont nombreuses et Relais d’Entreprises est fier d’y avoir contribué.

Dominique VALENTIN, PDG Relais d’Entreprises