Autour de la définition de la Gratuité à savoir « Un produit ou un service peut être obtenu sans aucune contrepartie apparente, en particulier financière » se cache une réalité.

Paul ARIES, Politologue, directeur de l’Observatoire international de la gratuité rappelle souvent « qu’il est possible de s’affranchir d’un prix mais pas d’un coût ».

Aussi et sans avoir la prétention d’un article exhaustif sur le sujet, et tout en illustrant mes propos autour de la thématique que je porte depuis 10 ans au travers Relais d’Entreprises à savoir « le déploiement d’espaces de télétravail en milieu rural et péri urbain ».

Rien n’est jamais Gratuit !

Je vous partage ce tableau de synthèse :

Relais d’Entreprises s’est concentré depuis plusieurs années sur la valorisation des externalités du télétravail en tiers lieu d’activité.

En signant la convention avec EDF qui stipule qu’elle s’engage à racheter les kms non effectués par les télétravailleurs qui fréquentent les espaces de proximité plutôt que de prendre leur voiture pour se rendre au lieu d’affectation de leur emploi, nous avons réussi à formaliser ce principe qu’une partie du loyer facturé par le gestionnaire de l’espace à l’employeur lui soit en partie remboursée par ce mécanisme.

La valorisation de la réduction de consommation d’énergie du fait de l’obligation imposée aux distributeurs d’énergie contraint de valoriser des Certificats d’Economie d’Energie est la base de ce principe.

Dans le même esprit, Relais d’Entreprises en lien avec la SCIC Climat Local a obtenu le Label Bas Carbone du Ministère de la Transition Ecologique. Comme pour les CEE, le fait d’avoir une preuve d’une réduction de mobilité et suivant un mode de calcul prenant en compte les effets rebonds, permet de définir le montant de la réduction des émissions de CO2 qui peuvent alors être vendues à des entreprises qui sont dans l’obligation ou simplement désireuses de neutraliser leur bilan carbone

Cette valorisation des tonnes CO2 non émises vient s’ajouter aux CEE versée aux employeurs.

Le sujet est cependant complexe et surtout la mise en œuvre (remontée des données et des justificatifs) ne doit pas générer un coût supérieur à la valorisation.

Nous sommes cependant convaincus que c’est l’un des axes majeurs sur lesquels il convient d’orienter les politiques publiques du soutien des tiers lieux d’activité / coworking (plutôt que des subventions d’exploitation)

Autour de cette valorisation de la non-mobilité, ne faudrait-il pas intégrer d’autres impacts et notamment sur le rééquilibrage des territoires et ce en s’appuyant sur la fiscalité.

A ce titre, BERCY a anticipé le fait que la CVAE (qui devrait cependant disparaître) puisse être versée à la collectivité où un collaborateur passe l’essentiel de son temps (mais hors domicile). Concrètement la notice de ventilation de la CVAE prévoit le cas où un salarié passe au moins 3 jours dans un tiers lieu d’activité / espace coworking.

Dans le même esprit, il serait pertinent de mesurer et surtout valoriser l’impact du télétravail en tiers lieu sur

  • L’éducation des enfants: moins de temps passé dans les transports c’est plus de temps avec ses enfants : Quid de la réduction du décrochage scolaire ?
  • Le commerce local: nous consommons surtout là où nous travaillons et non là où nous vivons. Quel est le montant des achats relocalisés autour du domicile ou du tiers lieu d’activité fréquenté par un télétravailleur
  • La santé: le rapprochement emploi / habitat permet de gagner du temps, et donc de dormir plus ou de pratiquer du sport. Mais aussi de cuisiner et donc de mieux manger
  • La productivité : la réduction du stress, le gain de temps sont assurément des leviers de productivité ou A minima une réponse à l’absentéisme

Sans oublier

  • Le pouvoir d’achat: car sans valoriser l’impact de la réduction de consommation d’énergie et d’émission de CO2, le gagnant immédiat de la pratique du télétravail est assurément le salarié qui n’est pas obligé de prendre sa voiture tous les jours alors qu’en matière fiscale je ne pense pas que la réduction des mobilités pendulaires ait été précisée dans la déclaration de revenus.

Sur ce dernier point, force est de constater qu’il n’y a eu aucun ou alors de très rares témoignages de salariés précisant que 2 jours de télétravail / semaine ont largement compensé la hausse du prix des carburants.

Dominique VALENTIN