Le télétravail, en plein essor, mais mal accompagné

Selon une étude conjointe de Mobilitis et Greenworking sur le travail nomade, les salariés plébiscitent le télétravail. Mais les entreprises peinent encore à s’adapter.

Selon une étude conjointe de Mobilitis et Greenworking sur le travail nomade, les salariés plébiscitent le télétravail. Mais les entreprises peinent encore à s’adapter. DR

 

“Et toi, tu travailles où ? Chez moi !” C’est la réponse que font des Français de plus en plus nombreux. Installer son bureau à la maison n’a en effet plus rien d’anecdotique. “Le télétravail se développe fortement en France, 60 % des entreprises du CAC40 l’expérimentent déjà ou ont signé un accord”, souligne Cécilia Durieu, directrice associée du cabinet de conseil Greenworking, qui a réalisé une étude intitulée « Nomadisme, bien-être et performance : quel bilan en 2014 ? », en collaboration avec le conseil Mobilitis et l’institut OpinionWay.

Un critère pour 66 % des salariés

L’étude a interrogé près de 900 salariés et plus de 300 DRH et a été complétée par les retours d’expérience de 24 grandes entreprises ou administrations françaises (soit plus de 10.000 télétravailleurs) qui pratiquent le télétravail, à l’instar de Société Générale, Air Liquide, AXA, Groupama, le CNAV, le CNES ou encore Natixis et Siemens. 85 % des salariés et 66 % des DRH déclarent que le télétravail représente une opportunité pour faire évoluer l’organisation du travail. Les deux-tiers des salariés précisent même qu’il s’agit d’un critère important lors de la recherche d’un nouvel emploi.

Seuls 25 % des managers formés

“Les entreprises privilégient un déploiement progressif et maîtrisé du télétravail, avec des phases d’expérimentation pour un nombre limité d’entités ou de salariés durant 1 à 3 ans, voire plus”, constate Cécilia Durieu. L’accompagnement est jugé trop souvent insuffisant : seuls 25 % des managers ayant un membre de leur équipe travaillant à distance déclarent avoir reçu une formation.

Côté salariés, même constat : “Ceux qui ont bénéficié de mesures d’accompagnement sont minoritaires. Et quand elles sont mises en place, ces mesures se limitent la plupart du temps simplement à une participation financière de l’entreprise, une adaptation des outils technologiques mis à sa disposition et, dans une moindre mesure, à une formation adéquate”, souligne l’étude.

Je suis surpris du décalage qui existe entre l’intérêt que ces derniers manifestent pour le télétravail, capable selon eux de moderniser véritablement l’organisation, et les mesures prises, encore très timides, pour le mettre en œuvre ces prochaines années”, remarque Alexis Motte, président de Mobilitis.

Résultat, sur le terrain, “le télétravail est aujourd’hui quasi exclusivement pratiqué à domicile. Les entreprises ne sont pas encore intéressées par les tiers-lieux de travail pour une raison de coût et de confidentialité. Elles pourraient l’être à horizon 2018, une fois que le « flex office » (postes de travail non attribués), qui commence juste à être mis en place, sera généralisé”, estime Cécilia Durieu. Une solution à étudier d’autant que 74% des salariés accepteraient de ne plus avoir de poste attribué au sein de leur entreprise en contrepartie d’une plus grande mobilité.

Source: Le nouvel Observateur – L’obs immobilier 16/12/2014